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L'Amérique latine

L'Amérique latine se compose des États d'Amérique centrale et d'Amérique du sud de langues latines (espagnol, portugais, français) et fortement marqués par la religion catholique. Dès le xixe siècle les pays d'Amérique latine connaissent des alternances de gouvernements démocratiques et de dictatures avec une valorisation des chefs militaires, révolutionnaires et des leaders forts : de nombreux pays ont eu du mal à trouver la voie de la stabilité politique. Ce contexte a facilité le contrôle politique et l'expansionnisme économique des États-Unis sur « son arrière-cour », en particulier de la période de la guerre froide aux années 1980. Mais depuis cette époque, l'Amérique latine s'est peu à peu ouverte au multilatéralisme et les contestations de l'influence américaine se multiplient.
1. 1945-1959 : quelle est la place de l'Amérique latine dans la guerre froide ?
a) L'héritage colonial et la doctrine Monroe confèrent un statut particulier à l'Amérique latine.
L'importance des langues latines et de la religion catholique sont des héritages de la colonisation européenne qui a profondément marquée l'Amérique latine non seulement en intégrant de nouvelles populations d'origine européenne ou africaine (multiplication des communautés et groupes ethniques) mais aussi en créant un système économique et social presque féodal. La colonisation a habitué les populations a une organisation sociale paternaliste, très hiérarchisée, très inégalitaire et a une culture politique marquée par l'autoritarisme.
Il existe deux autres conséquences importantes de cette époque :
  • l'émergence de héros nationaux ou panaméricains (comme Simón Bolívar qui a lutté pour l'indépendance de son pays et a tenté d'unifier le continent) qui entraîne une culture du « chef providentiel » et explique une tendance au présidentialisme (place prépondérante du président dans l'État) ;
  • la doctrine Monroe (président américain, 1817-1825) : « aux Européens, le vieux continent, aux Américains, le Nouveau Monde », complétée par Théodore Roosevelt en 1904, « les États-Unis […] peuvent être amenés à exercer un pouvoir de police international ». Elle revendique ainsi l'indépendance de l'Amérique latine vis-à-vis de l'Europe. Cet interventionnisme est la base de la politique des États-Unis en Amérique latine pendant la guerre froide.
b) La lutte contre l'expansion du communisme en Amérique est favorisée par le soutien organisé de l'Amérique latine aux États-Unis.
Avec la constitution des deux blocs, les États-Unis décident de s'assurer l'appui de l'Amérique latine pour éviter l'expansion du communisme sur le continent américain.
Ils cherchent à renforcer leurs alliances dès 1947 lors de la conférence inter-américaine « pour le maintien de la paix et de la sécurité collective » qui aboutit à la signature du pacte de Rio par l'ensemble des pays américains (à l'exception du Canada, de l'Équateur et du Nicaragua). Ce pacte assure aux pays signataires une assistance réciproque en cas de danger, de « péril pour la paix de l'Amérique ». Il facilite en fait la domination des États-Unis sur leur continent pendant la guerre froide du fait de leur puissance manifeste par rapport aux pays de l'Amérique latine.
La Charte de l'organisation des États américains (fondée en 1948 sur le modèle de l'ONU et défendant aussi les droits de l'homme et les libertés fondamentales) précise d'ailleurs, en 1954, que ce « péril » peut être le communisme.
c) La politique intérieure de l'Amérique latine élimine les régimes politiques trop proches du communisme sous la pression des États-Unis.
Afin de garantir le succès de leur politique de lutte contre l'implantation du communisme sur le continent américain, les États-Unis vont intervenir dans la politique intérieure des États d'Amérique latine.
En 1951, le président du Guatemala entame un programme de réforme agraire et d'indépendance économique par rapport aux États-Unis. Ces derniers le considèrent alors comme dangereux. Ils manœuvrent pour l'accuser d'être communiste et participent au renversement du régime en 1954. Une dictature militaire est mise en place avec la collaboration des élites locales.
Des régimes populistes (dictatures sociales), qui basent leur politique sur les nationalisations et la redistribution des richesses, sont ainsi renversées par des élites d'Amérique latine conservatrices soutenues par les États-Unis. C'est le cas en Argentine où le régime populiste et autoritaire de Perón (qui s'est notamment attaqué à l'Église et à l'aristocratie) est renversé par un coup d'état militaire.
Cette politique va encore s'amplifier après la révolution cubaine.
Exercice n°1 Exercice n°2
2. De 1959 aux années 1980 : comment les États-Unis préservent-ils leur influence en Amérique latine ?
a) Les États-Unis tentent un débarquement à Cuba pour renverser le régime pro-soviétique établie par Fidel Castro.
Depuis 1952, Cuba est une dictature pro-américaine dirigée par Fulgencio Batista.
À la tête des rebelles cubains (« mouvement du 26 juillet »…), Fidel Castro, révolutionnaire communiste, et Ernesto « Che » Guevara renversent la dictature en 1959. Ils la remplacent par un gouvernement révolutionnaire et un régime pro-soviétique.
Castro entame une réforme agraire, avec redistribution des terres, nationalise des entreprises américaines et se rapproche de l'URSS.
La tension entre Cuba et les États-Unis monte rapidement. Ces derniers rompent leurs relations diplomatiques avec Cuba dès 1961 mais, désirant maintenir leur influence, ils font tout pour renverser le régime : embargo commencé en 1962 et toujours en place en 2007, débarquement raté de la CIA dans la baie des Cochons (1961) et crise des missiles en octobre 1962.
L'échec de la CIA dans la baie des Cochons, la promesse qu'ont dû faire les États-Unis de ne pas envahir Cuba pour que l'URSS retire ses missiles (crise des missiles de 1962) mais aussi le charisme de ses leaders, Castro et Guevara (figure du héros romantique), font de Cuba le symbole de la lutte anti-impérialiste pour les populations opprimées d'Amérique latine et les élites occidentales.
b) La volonté des États-Unis de combattre le communisme est compliquée par la multiplication des guérillas révolutionnaires en Amérique latine.
Pour Ernesto Guevara, il faut étendre la révolution et créer des « focos » (foyers révolutionnaires) sur les trois continents afin d'épuiser les États-Unis, déjà engagés dans la guerre du Vietnam : c'est la théorie de la tricontinentale. Dans les années 1960, le régime cubain, qui a déjà un grand prestige auprès des mouvements pro-communistes, soutient donc les guérillas qui se multiplient en Amérique du sud.
Guevara poursuivra sa lutte de guérilla au Congo puis en Bolivie où il sera exécuté en 1967. Il devient alors une véritable icône de la lutte anti-impérialiste qui gagne l'Afrique.
c) À partir de 1961, le gouvernement américain affiche son soutien aux dictatures latino-américaines.
Les Américains sont très inquiets de l'extension des guérillas castristes à la quasi totalité des pays d'Amérique du sud. Dans une déclaration en 1961, Kennedy résume bien la ligne politique américaine : même si les démocraties sont préférables aux dictatures, ces dernières sont un moindre mal en comparaison de l'expansion des régimes castristes. Washington soutient donc de nombreux coups d'état militaires et des dictatures très dures.
Ainsi, au Chili en 1973, le coup d'état d'une junte militaire dirigée par le général Pinochet contre le gouvernement démocratiquement élu du socialiste Salvador Allende est soutenu par les États-Unis.
Dans le même ordre d'idées, les dictatures latino-américaines développent au milieu des années 1970 l'opération Condor. Les États concernés échangent des informations sur leurs dissidents politiques et créent des escadrons de la mort chargés d'éliminer leurs opposants éxilés à l'étranger.
Les États-Unis resserrent leur contrôle politique avec des opérations clandestines ou des interventions militaires directes (République Dominicaine, Salvador, Panamá…) pour renverser les régimes hostiles.
Exercice n°3 Exercice n°4
3. Aujourd'hui, quelles sont les caractéristiques de la nouvelle Amérique latine ?
a) Une nouvelle donne politique s'établit avec la fin progressive des dictatures et l'apparition de démocraties.
Dans les années 1980, la situation change complètement. Avec la fin de la logique de guerre froide, c'est la fin des dictatures soutenues par les États-Unis. En effet, après de nombreuses critiques internationales, la première puissance mondiale doit changer de politique vis à vis du sud du continent. Les régimes dictatoriaux tombent les uns après les autres et sont remplacés par des gouvernements démocratiquement élus : l'Amérique du sud entame alors sa transition démocratique.
Parallèlement, la plupart des guérillas cessent dans les pays démocratiques.
b) Les pays d'Amérique du sud sont intégrés dans l'économie mondiale.
Dans les années 1990, un processus d'intégration régionale favorise l'insertion des pays d'Amérique du sud dans la mondialisation : le MERCOSUR (limitation des importations et protection des marchés) est créé en 1991 et le Mexique intégre l'ALENA (libre circulation des capitaux et des marchandises) en 1994… Les États d'Amérique centrale créent également leur propre marché commun.
Mais, beaucoup de ces États sont endettés et doivent se redresser économiquement. Le FMI leur impose des privatisations et une réduction des dépenses publiques. Des crises économiques touchent alors le continent (Mexique, Argentine…). Pourtant, beaucoup d'États d'Amérique latine améliorent leur situation économique (Brésil, Costa Rica, Mexique…).
Dans un contexte d'inflation, les inégalités sociales et ethniques restent cependant importantes : l'ouverture au marché profite à une minorité de riches qui côtoient une majorité de pauvres. Certains tentent d'émigrer vers les États-Unis, qui sont toujours perçus comme une sorte d' « Eldorado ». Avec les difficultés sociales, les contestations montent.
Cette situation a amené au pouvoir, depuis 2000, de nombreux gouvernements de gauche qui renouent avec une volonté d'indépendance politique et économique vis à vis des États-Unis.
c) L'Amérique latine proclame sa volonté d'indépendance vis-à-vis des États-Unis.
Les pays concernés sont en particulier le Brésil et l'axe « bolivarien » : Venezuela (Chavez, champion de l'anti-américanisme), Bolivie (Morales, défenseur de « l'indianité ») et Cuba (Castro). Le discours panaméricain et révolutionnaire connaît un renouveau. Mais tous les États d'Amérique latine ne sont pas aussi rebelles : beaucoup s'orientent plutôt vers la démocratie sociale.
Tous veulent cependant établir des relations d'égal à égal avec les États-Unis y compris au sein des instances internationales. L'échec de la ZLEA (projet de zone de libre-échange des Amériques proposé par les États-Unis) en est l'illustration. L'influence américaine est certes contestée mais ces derniers peuvent encore mener leur programme anti-drogue en ayant une présence militaire au sein même de certains pays (Colombie, Équateur…).
Les États d'Amérique se rapprochent aussi de l'Union Européenne (processus de Rio, 1999) et entendent développer les regroupements économiques entre eux.
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